À la veille des soldes d'été 2025, on se demande si consommer est un droit ou un devoir...
Bonjour tout le monde 👋,
C’est Romain de snooze, la newsletter qui décrypte tous les 15 jours un mythe moderne ancré dans notre quotidien.
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Demain, c’est le lancement des soldes d’été 2025.
Le mot "solde", dans le langage populaire du XIXe siècle, désignait un reste d'étoffe, un coupon. C’est à cette époque que les propriétaires de grands magasins ont eu une intuition simple : liquider les invendus des saisons précédentes à bas prix, pour faire place aux “nouveautés”.
Au fil du XXe siècle, la publicité devient omniprésente, les collections se multiplient, les modes s'accélèrent. On organise l’obsolescence, non seulement des objets, mais aussi des désirs. Les soldes, Black Friday et fêtes deviennent autant de rituels pour écouler le surplus.
Dans une économie fondée sur la croissance, les industriels sont contraints de produire toujours plus. Et puisqu’on ne peut pas forcer les gens à acheter infiniment, il faut inventer des moyens de stimuler artificiellement la demande.
Résultat ?
Chaque année 3,3 milliards de vêtements sont mis sur le marché en France (ça fait 48 vêtements par habitant). Entre 2000 et 2021, la production de vêtements a doublé au point qu’il y ait assez de vêtements aujourd’hui pour habiller la planète jusqu’en 2100.
Sur un milliard de vêtements déposés dans des bornes chaque année, seuls 5 % sont réellement recyclés. Plus de 50 % sont envoyés en Afrique. Le Ghana, par exemple, reçoit chaque semaine 15 millions de vêtements (pour 33 millions d’habitants).
Plage sur la côte de Jamestown à Accra (Ghana), The Environmental Cost of Fast Fashion. © Muntaka Chasant
Demain, chaque vitrine, chaque publicité, nous enjoindra de consommer.
C’est devenu une mission, presque un devoir.
On va devoir chercher les meilleures offres, comparer, commander, remplir des paniers, débloquer des niveaux de fidélité, noter…
“La consommation est un travail social” disait Jean Baudrillard.
Et si, demain, on faisait grève ?
Idée reçue #1
📌 Ce qu’on croit :
Je consomme de manière rationnelle : quand j’achète quelque chose, c’est parce que j’en ai besoin. Un manteau pour l’hiver, un téléphone qui fonctionne, une voiture pour me déplacer.
☝️ Pourquoi c’est faux :
On ne consomme plus pour la valeur d’usage, mais pour la valeur sociale. On n’achète pas des choses, on achète des signes : un logo, une esthétique, un statut. La plupart des objets disent moins ce qu’ils font que ce qu’ils représentent.
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#6 - Liberté de consommer : un mythe du XXe Siècle
Idée reçue #2
📌 Ce qu’on croit :
Chacun fait ce qu’il veut avec son argent. Acheter, c’est une liberté fondamentale. Personne n’a à me dire quoi consommer.
☝️ Pourquoi c’est faux :
Ce qu’on croit être un “choix libre” est en réalité massivement influencé. Avec 1 200 messages publicitaires par jour, des normes sociales puissantes et des stratégies marketing millimétrées, nos désirs ne tombent pas du ciel.
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#25 - Publicité : l’endoctrinement silencieux
Idée reçue #3
📌 Ce qu’on croit :
J’ai bossé dur, j’ai un bon salaire, alors pourquoi ne pas me simplifier la vie ? Courses livrées, aide-ménagère, voiture neuve, resto tous les midis : je l’ai mérité.
☝️ Pourquoi c’est faux :
Ce “confort” repose sur une délégation systématique à des services marchands, souvent invisibles. Mais plus on paie pour qu’on fasse à notre place, plus on perd notre autonomie. On croit gagner du temps mais en réalité, on augmente nos dépendances.
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#14 - La liberté moderne : une illusion trompeuse ?
Idée reçue #4
📌 Ce qu’on croit :
Acheter, c’est bon pour l’économie. Je ne me fais pas seulement plaisir : je fais ma part. En consommant, je soutiens les entreprises, l’emploi, la croissance. Je participe à l’élan collectif et à la prospérité de la société.
☝️ Pourquoi c’est faux :
La croissance n’est pas un indicateur de bien-être. Entre 2012 et 2014, le PIB français a augmenté de 1,1 %… pendant que le pouvoir d’achat baissait de 1,1 %. Aux États-Unis, la croissance des années 2000 s’est faite sans création nette d’emplois. Une dictature peut croître, une démocratie peut stagner.
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#13 - Le mythe de la croissance infinie : les limites d'un monde régi par le PIB
Idée reçue #5
📌 Ce qu’on croit :
Flâner dans les magasins, se faire plaisir, prendre soin de soi : acheter est un plaisir légitime, une récompense, presque une forme de “self-care”.
☝️ Pourquoi c’est faux :
Le développement personnel nous apprend que le bonheur dépend de nous, de nos choix, de nos routines. Les marques ont repris ce récit à leur compte. Acheter un jean, une crème, une appli bien-être ou une retraite yoga devient un moyen d’être “la meilleure version de soi-même”, d’être heureux en somme.
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#20 - Les fausses promesses du développement personnel
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À très vite 👋,
Romain