5 idées reçues sur la consommation

À la veille des soldes d'été 2025, on se demande si consommer est un droit ou un devoir...

snooze
3 min ⋅ 01/08/2025

Bonjour tout le monde 👋,

C’est Romain de snooze, la newsletter qui décrypte tous les 15 jours un mythe moderne ancré dans notre quotidien.

Vous pouvez aussi me suivre sur LinkedIn pour continuer la discussion.

Demain, c’est le lancement des soldes d’été 2025.

Le mot "solde", dans le langage populaire du XIXe siècle, désignait un reste d'étoffe, un coupon. C’est à cette époque que les propriétaires de grands magasins ont eu une intuition simple : liquider les invendus des saisons précédentes à bas prix, pour faire place aux “nouveautés”.

Au fil du XXe siècle, la publicité devient omniprésente, les collections se multiplient, les modes s'accélèrent. On organise l’obsolescence, non seulement des objets, mais aussi des désirs. Les soldes, Black Friday et fêtes deviennent autant de rituels pour écouler le surplus.

Dans une économie fondée sur la croissance, les industriels sont contraints de produire toujours plus. Et puisqu’on ne peut pas forcer les gens à acheter infiniment, il faut inventer des moyens de stimuler artificiellement la demande.

Résultat ?

Chaque année 3,3 milliards de vêtements sont mis sur le marché en France (ça fait 48 vêtements par habitant). Entre 2000 et 2021, la production de vêtements a doublé au point qu’il y ait assez de vêtements aujourd’hui pour habiller la planète jusqu’en 2100.

Sur un milliard de vêtements déposés dans des bornes chaque année, seuls 5 % sont réellement recyclés. Plus de 50 % sont envoyés en Afrique. Le Ghana, par exemple, reçoit chaque semaine 15 millions de vêtements (pour 33 millions d’habitants).

Plage sur la côte de Jamestown à Accra (Ghana), The Environmental Cost of Fast Fashion. © Muntaka ChasantPlage sur la côte de Jamestown à Accra (Ghana), The Environmental Cost of Fast Fashion. © Muntaka Chasant

Demain, chaque vitrine, chaque publicité, nous enjoindra de consommer.

C’est devenu une mission, presque un devoir.

On va devoir chercher les meilleures offres, comparer, commander, remplir des paniers, débloquer des niveaux de fidélité, noter…

La consommation est un travail social” disait Jean Baudrillard.

Et si, demain, on faisait grève ?


Idée reçue #1

“J’achète ce dont j’ai besoin, tout simplement”

📌 Ce qu’on croit :
Je consomme de manière rationnelle : quand j’achète quelque chose, c’est parce que j’en ai besoin. Un manteau pour l’hiver, un téléphone qui fonctionne, une voiture pour me déplacer.

☝️ Pourquoi c’est faux :
On ne consomme plus pour la valeur d’usage, mais pour la valeur sociale. On n’achète pas des choses, on achète des signes : un logo, une esthétique, un statut. La plupart des objets disent moins ce qu’ils font que ce qu’ils représentent.

📖 Un snooze pour aller plus loin :
#6 - Liberté de consommer : un mythe du XXe Siècle


Idée reçue #2

“On est dans un pays libre, j’ai bien le droit d’acheter ce que je veux”

📌 Ce qu’on croit :
Chacun fait ce qu’il veut avec son argent. Acheter, c’est une liberté fondamentale. Personne n’a à me dire quoi consommer.

☝️ Pourquoi c’est faux :
Ce qu’on croit être un “choix libre” est en réalité massivement influencé. Avec 1 200 messages publicitaires par jour, des normes sociales puissantes et des stratégies marketing millimétrées, nos désirs ne tombent pas du ciel.

📖 Un snooze pour aller plus loin :
#25 - Publicité : l’endoctrinement silencieux


Idée reçue #3

“Je gagne bien ma vie, je peux bien en profiter”

📌 Ce qu’on croit :
J’ai bossé dur, j’ai un bon salaire, alors pourquoi ne pas me simplifier la vie ? Courses livrées, aide-ménagère, voiture neuve, resto tous les midis : je l’ai mérité.

☝️ Pourquoi c’est faux :
Ce “confort” repose sur une délégation systématique à des services marchands, souvent invisibles. Mais plus on paie pour qu’on fasse à notre place, plus on perd notre autonomie. On croit gagner du temps mais en réalité, on augmente nos dépendances.

📖 Un snooze pour aller plus loin :
#14 - La liberté moderne : une illusion trompeuse ?


Idée reçue #4

“Faire du shopping, c’est bon pour la croissance”

📌 Ce qu’on croit :
Acheter, c’est bon pour l’économie. Je ne me fais pas seulement plaisir : je fais ma part. En consommant, je soutiens les entreprises, l’emploi, la croissance. Je participe à l’élan collectif et à la prospérité de la société.

☝️ Pourquoi c’est faux :
La croissance n’est pas un indicateur de bien-être. Entre 2012 et 2014, le PIB français a augmenté de 1,1 %… pendant que le pouvoir d’achat baissait de 1,1 %. Aux États-Unis, la croissance des années 2000 s’est faite sans création nette d’emplois. Une dictature peut croître, une démocratie peut stagner.

📖 Un snooze pour aller plus loin :
#13 - Le mythe de la croissance infinie : les limites d'un monde régi par le PIB


Idée reçue #5

“Rien de tel qu’un après-midi shopping pour se faire du bien”

📌 Ce qu’on croit :
Flâner dans les magasins, se faire plaisir, prendre soin de soi : acheter est un plaisir légitime, une récompense, presque une forme de “self-care”.

☝️ Pourquoi c’est faux :
Le développement personnel nous apprend que le bonheur dépend de nous, de nos choix, de nos routines. Les marques ont repris ce récit à leur compte. Acheter un jean, une crème, une appli bien-être ou une retraite yoga devient un moyen d’être “la meilleure version de soi-même”, d’être heureux en somme.

📖 Un snooze pour aller plus loin :
#20 - Les fausses promesses du développement personnel


Tu veux participer ?

Avec plaisir, j’ai besoin de toi pour cliquer sur 🤍, t’abonner ou partager cet article. Ça m’aide beaucoup à faire connaître mon travail.

À très vite 👋,

Romain

snooze

Par Romain David

Hello 👋,

Je suis Romain, entrepreneur et créateur de Snooze. J’ai 40 ans et j’habite La Rochelle.

Avec snooze, je m’adresse à tous les esprits curieux et engagés, à ceux qui cherchent à comprendre les enjeux de notre temps et à envisager des alternatives.

Si vous vous intéressez à la transition écologique, à l'innovation sociale, ou simplement à des perspectives originales sur notre monde, Snooze est pour vous.

Les derniers articles publiés