L'entrepreneur, ce héros.

Si la taxe Zucman dérange autant, alors qu’elle ne concerne que 1800 contribuables, c’est qu’elle touche à un mythe.

snooze
3 min ⋅ 23/09/2025

Bonjour tout le monde 👋,

C’est Romain de snooze, la newsletter qui passe les mythes modernes au crible.

La semaine dernière j’ai publié un post Linkedin à propos de la taxe Zucman.

Encore aujourd’hui, le post est massivement partagé, et plus d’une centaine de commentaires sont venus nourrir ma réflexion.

En les lisant, j’ai remarqué quelque chose d’intéressant : la plupart des commentaires anti-Zucman ne défendent pas vraiment les ultra-riches. Ils défendent la figure de l’entrepreneur.

Quelques commentaires sous mon post LinkedinQuelques commentaires sous mon post Linkedin

Dans l’Opinion, les entrepreneurs de la Tech se sont d’ailleurs élevés contre la taxe Zucman pour défendre “l’élan entrepreneurial français”.

L’entrepreneur, dans l’imaginaire collectif, est devenu le super-héros des temps modernes : il prend des risques, il innove, il crée des emplois, il se bat contre l’adversité. C’est un être visionnaire, un self-made man qui invente à partir de rien, un créateur capable de résoudre tous les problèmes :

Nous aimons la France. Nous voulons y investir, y créer des emplois, y développer les technologies qui renforcent notre indépendance et notre puissance, qui apportent des solutions concrètes aux Français en matière d’éducation, de santé, d’infrastructures. Mais cela suppose un environnement stable et compétitif. La taxe Zucman serait tout l’inverse.
Appel des entrepreneurs de la tech contre la taxe Zucman, L’Opinion (14 septembre 2025)

Bref, si il y a bien quelqu’un qui mérite sa fortune, c’est l’entrepreneur.

L’idée de l’entrepreneur qui "se fait tout seul" est un mythe fondateur du capitalisme moderne. Comme un rituel, chaque entrepreneur réécrit le mythe du garage : une histoire de génie solitaire, d’une vision réincarnée en mission d’entreprise.

Une histoire dans laquelle de nombreux facteurs sont généralement invisibilisés :

  • Le rôle de l’État : Mariana Mazzucato, dans The Entrepreneurial State (2013), montre que l’État prend des risques là où le privé hésite. Elle cite de nombreuses technologies phares qui ont d’abord bénéficié de lourds investissements publics, notamment militaires.

  • Le contexte : plus anecdotique, quoi que… Dans Outliers (2008), Malcolm Gladwell souligne que Bill Gates, Steve Jobs, Eric Schmidt… sont tous nés entre 1953 et 1956. Même phénomène au XIXe siècle : « Ceux qui sont nés dans les années 1820 étaient trop vieux. Mais il y a eu un créneau de neuf ans, au milieu du XIXe siècle, où l’on retrouve 20 % des plus grandes richesses de l’histoire : Rockefeller (1839), Carnegie (1835), Weyerhaeuser (1834)… ».

  • Le capital social : Sophie Boutillier et Dimitri Uzunidis (La légende de l’entrepreneur, 1999) ont décomposé le capital social nécessaire à la plupart des entrepreneurs qui réussissent: capital financier (patrimoine, accès au crédit), capital-connaissance (diplômes, formations) et capital-relations (réseaux, héritage familial).

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Par Romain David

Hello 👋,

Je suis Romain, entrepreneur et créateur de Snooze. J’ai 40 ans et j’habite La Rochelle.

Avec snooze, je m’adresse à tous les esprits curieux et engagés, à ceux qui cherchent à comprendre les enjeux de notre temps et à envisager des alternatives.

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